« El moudjahidate, nos héroïnes »
El moudjahidate, nos héroïnes, est l’intitulé de l’exposition tenue au musée MAMA (Musée public national d’art moderne et contemporain) sis à la rue Larbi Ben Mehidi, anciennement la rue d’Isly, à l’occasion du cinquante deuxième anniversaire de l’indépendance du 22 mars au 05 juillet de l’année en cours. Deux artistes d’origine algérienne ont tenu à porter hommage aux femmes Algériennes et non-Algériennes qui ont participé de près ou de loin à la libération de l’Algérie du colonialisme français.
Chérif Benyoucef et Nadja Makhlouf ont signé une œuvre remarquable de portraits de femmes qui ont combattu le colonialisme français, le travail est remarquable mais inachevé, beaucoup de moudjahidate manquent à ce rendez-vous de mémoire.
À l’entrée du musée, les vigiles vous reçoivent avec une lettre posthume de Hassiba Ben Bouali dédiée à ses parents avant qu’elle se fasse explosée dans une cache à la Casbah d’Alger. Un appareil auditif doté d’écouteurs vous permet d’appuyer sur des boutons et d’écouter les enregistrements vocaux de certaines moudjahidate. En noir et blanc, les photos sont vraiment parlantes, de la nostalgie d’une époque très lointaine.
Parmi la collection photos de Chérif Benyoucef figure Hassiba Benyelles pour qui la révolution algérienne était « l’amour de ma vie ; pas de mots assez forts pour l’exprimer », Hafsa Bisker Bentoumi pensait qu’il fallait : « reconsidérer la position des femmes algériennes dans la guerre et la révolution, car elles ont été le pivot de l’indépendance ». Pour Malika Belkadi la France ne lui « a pas fait de cadeau, mais j’aurais voulu mourir en martyre ».
Un portrait de Habiba Madaci, qui considérait qu’« avec le recul, il me semble que c’était irréel, et je revivrai cette période sans changer une virgule (…) pour moi, c’est la plus belle période de ma vie et je referai avec plaisir cette guerre ».
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Rabéa et Yamina Benguedih, la première voyait qu’il « fallait être vrai partout », la deuxième considérait plutôt qu’être « libre et indépendant pour défendre sa dignité ». Pour Meriem Benmohamed ladite époque « était une joie immense de vivre auprès des miens », toutes les deux faisaient partie de la « famille emblématique de la fédération de France quand on est jeune, on a peur de rien ».
Une autre de Simone Ghozali, pour elle « c’était évident, l’Algérie ne pouvait pas être française pour la liberté des peuples ». Pour Oum Essaad Mekhiouba à l’époque coloniale « son seul et unique désir était la liberté ».
Le phénomène colonial pour El-Mehdaoui Zakia « ne se lit pas dans le livre, il faut l’avoir vécu dans sa chaire et dans sa dignité ».
« La femme algérienne a participé et avait une mission, je suis fière d’avoir fait partie de la résistance c’était un honneur », disait Doali Morsli Fatiha.
L’album de Nadja Makhlouf regroupaient d’autres portraits comme Baya Bahloul, un agent de liaison et tisseuse de drapeaux, Nassima Hablal, une secrétaire du CCE et de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens), Jeanine Nadjia Belkhodja, une gynécologue-obstétricienne, Jacqueline Guerroudj, une doyenne des six ex-condamnées à mort, Fatima dite Louisa Oudarene, agent de liaison entre la wilaya III, zone 2 et la wilaya IV, Gylberte Sportisse, militante communiste algéroise.
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Laribi Taoumia dite baya El Kahla, a toujours vécu dans le militantisme et « quand j’ai commencé à travailler à la Croix rouge, les moudjahidines nous considéraient comme des sœurs, ils étaient sincères et de grands hommes ».
Beaucoup de portraits de moudjahidate manquaient à ce rendez-vous historique… une recherche plus profonde serait nécessaire dans ce domaine.
Nous avons tenu à ajouter deux portraits de deux femmes Casbadjies (mère et fille) que beaucoup de gens ignorent ou font semblant d’ignorer leur existence et qui sont très-bien connues non seulement à la Casbah mais également à Alger, en l’occurrence Fatima Bellamine et Khoukha Hadj-Ahmed, qui habitaient Bir Djebah, pendant la colonisation française.
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